GROUPE : SLEEP TOKEN
MEMBRES : Vessel I (voix & piano), Vessel II (batterie), Vessel III (basse), Vessel IV (guitare)
PAYS : ANGLETERRE
TITRE : TAKE ME BACK TO EDEN
LABEL : SPINEFARM RECORDS
GENRE : MÉTAL ALTERNATIF / PROGRESSIF / MÉLANGE DE GENRES
DATE DE SORTIE : 19 MAI 2023
Rares sont les moments charnière dans l’histoire d’un genre musical auxquels les fans peuvent participer. Dans l’univers de la musique extrême, nous assistons présentement à la genèse d’un nouveau type de métal : la tendance actuelle est au mélange de genres, non seulement entre les sous-genres de métal mais aussi avec d’autres styles de musique à part. Personne ne fait ça mieux que SLEEP TOKEN. Ils ne font plus que brouiller les limites, ils sont dans la création de genre musical, carrément. J’ignore quel nom le « son à la SLEEP TOKEN » va porter, mais il y aura une étiquette distincte que des générations de groupes vont tenter d’imiter dans le futur. Leur nouvel album, Take Me Back To Eden, cimente bien cette métamorphose.
SLEEP TOKEN est un groupe masqué anonyme formé en Angleterre en 2016. Après deux EP, One et Two sortis en 2016 et 2017, le groupe a signé avec Spinefarm Records pour bâtir son ultime trilogie musicale : l’album Sundowning sorti en 2019, suivi de This Place Will Become Your Tomb en 2021, et TMBTE cette année pour clore la saga.
Avant janvier 2023, SLEEP TOKEN ne faisait pas le buzz comme aujourd’hui. Même s’ils avaient leurs fans dévoués, ils n’étaient pas tant connus, attirant un respectable 200 000 auditeurs mensuels sur Spotify. Puis, sans avertissement, le groupe a fait un lancement surprise de deux singles, « Chokehold » le 5 janvier et « The Summoning » le 6, et tout a changé. Du jour au lendemain, le groupe est devenu viral. « The Summoning » a bien fait son travail d’invocation, captivant l’intérêt des métalleux et non-métalleux sans distinction et quadruplant leur nombre d’auditeurs immédiatement. Au fil des semaines, d’autres singles sont sortis, l’album a été annoncé, le Web a collectivement perdu la tête, et aujourd’hui Sleep Token maintient fièrement plus de deux millions d’auditeurs mensuels.
L’un des facteurs principaux dans l’explosion virale de ce groupe est son mysticisme. Sleep Token a une mythologie, une légende, des personnages; c’est un appel à l’évasion irrésistible. L’histoire va comme suit : le groupe se serait formé après que le chanteur, Vessel (vaisseau ou réceptacle en français), ait reçu la visite d’une divinité ancienne et extrêmement puissante appelée Sleep. Sleep (sommeil) était vénéré dans les temps immémoriaux comme étant le dieu qui a offert à l’humanité la bénédiction des rêves et la malédiction des cauchemars. On est bien dans l’univers de l’horreur cosmique de Lovecraft ici. Profondément altéré par cette visite divine, Vessel aurait dédié sa vie à la vénération de Sleep, chose qu’il fait via des offrandes musicales. Les autres membres de Sleep Token sont eux aussi des vaisseaux de Sleep et portent des numéros comme noms : Vessel II à la batterie, Vessel III à la basse, et Vessel IV à la guitare. Ils portent tous des masques afin de cacher leur identité. Sleep Token emploi un vocabulaire précis pour étendre son récit dans la réalité, termes qu’ils utilisent sur leurs médias sociaux : lorsque nous profitons de leur musique, nous Vénérons (Worship en anglais); leurs concerts sont appelés des Rituels (Rituals); les photos et vidéos capturés lors de ces rituels sont appelés des Moments Sacrés (Sacred Moments in Time); les groupes avec qui ils vont en tournée sont leur Fratrie (Brethren); et lorsque Sleep Token sort du nouveau matériel ou de la marchandise, ils nous prient de Consommer (Consume). C’est l’ensemble, du visuel au langage en passant par une performance musicale irréprochable, qui fait de SLEEP TOKEN une sensation moderne.
Ce qui m’amène au vif du sujet, soit le nouvel album Take Me Back To Eden. Le longjeu débute avec « Chokehold », le 1er single. « Chokehold » est comme un plateau de dégustation qui annonce les principales tendances qui seront explorées plus tard : la violence recouverte d’une parure d’or, le mirage de la beauté qui cache à peine les entrailles sombres et grouillantes du désespoir et de la douleur, que Sleep Token manie de main de maître. Le morceau s’ouvre lentement sur un drone distorsionné doublé de discrets chants d’oiseaux. Vessel nous captive avec ses tons graves puis ses aiguës fragiles comme du cristal. Le refrain essoufflé communique des émotions telles que le dévouement aveugle et la détresse, puis le morceau explose en lourdeur. Les cymbales de la batterie sont giflées de droite à gauche, sonorité caractéristique du jeu de II qu’on apprend vite à reconnaître, et la basse et la guitare nous tirent vers les bas-fonds. Les thèmes religieux sont ici évidents : lorsque Vessel prie et supplie Sleep de lui montrer la voie qu’il ne voit pas, il le fait sur fond d’une composition tirée d’hymnes joués dans les églises.
« The Summoning », 2e single, reste dans le lourd. La guitare ne lâche pas, on dirait presque que les cordes sont molles; la basse réverbère, juste un peu plus lente que le tempo du morceau pour donner à l’auditeur la sensation de s’enfarger dans le groove. Sur le refrain, la voix de Vessel décolle en un falsetto à couper le souffle. La chanson prend un virage metalcore avec un lourd « breakdown » qui ralenti le tempo de moitié, puis plus lent encore, pendant que Vessel passe au chant « scream ». Un sinueux solo de guitare et son accompagnement au piano trahissent des influences jazz-fusion; puis c’est au tour d’un « bridge » à saveur électropop rêveur presque déstabilisant tellement il transforme l’ambiance. En temps normal, un tel morceau finirait avec lourdeur et agressivité, mais c’est de SLEEP TOKEN qu’on parle ici, il n’y a pas de place pour la facilité. La finale prend une couleur funk totalement inattendue : basse quasi-sensuelle, saxophone distorsionné, c’est le métal en mode séduction.
« Granite », 3e single, a une sonorité « lo-fi » qui s’inspire des tendances modernes dans le hip hop : batterie programmée à l’ordinateur, basse étirée style « 808s », notes en triplets sur les cymbales hi-hat. Vessel nous sert certaines des meilleures lignes de texte de l’album avec une cadence rappelant le R&B avant que, bien sur, le morceau prenne une tournure métal bien lourde pour nous rappeler qui on écoute.
« Aqua Regia », 4e single, est une pièce flottante, aérée, centrée sur le jeu de piano impeccable de Vessel et la batterie feutrée de II. Ici on est bien ancré dans l’influence jazz, l’atmosphère rappelant les salons de l’époque de la prohibition. Le décor est complété avec des bruits de fonds de conversation et de verres qui s’entrechoquent, comme si on était assis dans un café à écouter un talentueux chansonnier masqué.
« Vore », 5e single, fait un 180 degrés et nous réveille violemment. Finies les chansons douces, c’est l’heure du blackgaze : Vessel se concentre sur son chant « scream », les riffs de guitare sont froids et ont du mordant, c’est une chanson qui déchire, tout comme les paroles d’ailleurs qui détaillent le processus d’être dévoré vivant par son dieu. La solitude, le désir d’être accepté, d’être aimé malgré ses fautes, l’inconfort, le salut par la douleur sont tous des thèmes abordés ici, et l’imagerie est plus qu’efficace.
C’est après environ 25 minutes d’écoute que nous arrivons en territoire inconnu. Je me demandais si le reste des chansons allait faire pâle figure devant les singles, si SLEEP TOKEN avait sorti l’artillerie lourde déjà, où s’il allait rester des joyaux cachés à découvrir. « Ascensionism » m’a donné ma réponse : les meilleures pièces de l’album ne sont même pas sorties en single. C’est ici que la vraie expérience commence. « Ascensionism » est à mon avis la meilleure chanson sur TMBTE. Sleep Token est imprévisible comme groupe en général, mais ici ils nous ont vraiment donné une classe de maîtres en matière de manipulation des genres musicaux. L’intro au piano mélancolique est le calme avant la tempête. La touchante ballade se métamorphose en hip hop britannique, l’accent distinctif de Vessel le servant incroyablement bien ici pour accentuer la rondeur de ses mots, l’épaisseur de ceux-ci, leur rebond, ce qui rend son « flow » unique. Cette transition entre la ballade et le R&B, quand le piano glisse et se morphe en basse large et élastique, est mon moment préféré de tout l’album. Si vous pensiez que « The Summoning » était la chanson sensuelle du longjeu, attendez voir! « Ascensionism », c’est l’ambiance d’un club à deux heures du matin, c’est les lumières voilées, l’ombre, la fumée dans l’air, la déconnection de la réalité aux cœur de la nuit. Ça c’est sexy! Dès qu’on se sent confortable dans ce mouvement musical, boom, la pièce transitionne vers quelque chose de complètement distinct. On a droit à du shoegaze qui groove, à un « breakdown » lourd à souhait qui nous prend par surprise, et on est seulement à la moitié de la chanson. Quelle merveille.
« Are You Really OK » est un baume de douceur qui vient pallier l’effet coup de fouet de son prédécesseur. La guitare à cordes de nylon est étincelante, rayonnante, rassurante. La chanson évoque l’image d’un champ de blé doré et de tournesols qui ondule doucement dans le vent sous le soleil du matin. Musicalement, la pièce est pleine de vie, mais les paroles, elles, prennent une tournure plus sombre. Et si quelqu’un qu’on aime n’était pas autant plein de vie, justement. Le texte fait mal, l’un de ces maux doux auxquels on s’habitue, les réalités difficiles de la vie avec lesquelles il faut vivre. “Don’t you know, I want to help you but I don’t know how […] And I cannot fix your wounds this time, but I don’t believe you when you tell me you are fine. Please don’t hurt yourself again.” (« Ne sais-tu pas, je veux t’aider mais j’ignore comment. Je ne peux pas guérir tes blessures pour le moment, mais je ne te crois pas lorsque tu me dis que tu vas bien. S’il-te-plaît, ne te fait pas du mal encore. ») Ceux qui savent, savent. J’ai pleuré.
« The Apparition » est un retour aux formes, une chanson typiquement Sleep Token qui ne sort pas trop du moule. C’est le mixage et la qualité de la production qui brillent ici. Le producteur Carl Brown (qui a travaillé avec de nombreux grands groupes comme WHILE SHE SLEEPS, TRIVIUM, BULLET FOR MY VALENTINE, AS I LAY DYING, BRING ME THE HORIZON et autres) est aux commandes et son expérience paraît beaucoup. Le synthétiseur est immense, il vibre et sature les oreilles.
« DYWTYLM » (Do You Wish That You Loved Me) était le 6e single sortit avant l’album et il a quelque peu divisé les fans. Certains déploraient le minimalisme du morceau, la minceur du son, mais personnellement? J’adore. DYWTYLM est un grand souffle, c’est l’air frais dont on a besoin à travers l’intensité émotionnelle d’avant. Les notes fantômes, les vides, le rythme syncopé en font une pièce vitale du puzzle.
« Rain » est une chanson entraînante, faite pour les concerts, pour que la foule tape des mains en rythme, pour remplir un centre de spectacle mur à mur. Garanti qu’elle se retrouve sur la setlist de la prochaine tournée! Sleep Token utilise l’écho, les superpositions vocales et les harmonies librement pour créer un bon ver d’oreille. Les paroles touchantes et faciles à répéter parlent du fait de ressentir de l’insécurité, et de comment de telles insécurités peuvent être en même temps décuplées et guéries lorsqu’on trouve la bonne personne pour soi (ou la bonne divinité cosmique intemporelle, c’est au choix). “I don’t want to get in your way, but I finally think I can say that the vicious cycle was over the moment you smiled at me.” (« Je ne veux pas prendre trop de place, mais je crois que le cercle vicieux dans lequel j’étais pris s’est finalement brisé lorsque tu m’as souri. ») J’ai pleuré ici aussi.
La chanson titre « Take Me Back To Eden » est ma deuxième favorite. Sleep Token nous sert plus de huit minutes d’ambiance expressive, palpable, qu’on pourrait presque sentir. Nous sommes dans le jardin d’Éden : les oiseaux chantent, on entend le bruissement du vent dans les feuilles, la nature enveloppe tendrement la gracieuse mélodie à la guitare. Le refrain est un pur bonheur avec sa mélodie ténébreuse mais vive, pleine d’oxygène, de cadence. Sleep Token a réussi haut la main l’utilisation du titre de l’album dans ses paroles. Quand on arrive à la ligne « take me back to Eden », c’est comme une récompense, un moment qu’on attendait inconsciemment depuis le tout début. Et pour une troisième fois, j’ai pleuré (écoutez, je ne me laisse pas toujours emporter autant par l’émotion, mais là! Cet album est tout simplement incroyable, je ne pouvais pas faire autrement.) La chanson est épique, bien structurée, elle fait plusieurs clins d’œil aux morceaux précédents. Elle nous laisse avec une leçon à méditer : “I guess it goes to show, does it not, that we’ve no idea what we’ve got until we lose it. And no amount of love will keep it around if we don’t choose it.” (« Au final, on ne se rend compte de la valeur des choses que lorsqu’on les a perdues, n’est-ce pas. Et peu importe à quel point on aime, si on ne se choisit pas, on va se perdre. »)
« Euclid » clos l’album d’une manière plus simple, moins chargée que le morceau précédent. Un épilogue après l’apogée. Les paroles brisent le quatrième mur, semblant s’adresser à l’auditeur. Sleep Token nous demande de relancer l’album, de leur donner encore cinq minutes (la pièce ayant cette durée précisément). Avec « Euclid », on est dans une sphère émotionnelle plus positive, il y a de l’espoir, le piano est en majeur, la mélodie va de l’avant avec momentum mais sans se précipiter. On se sent comme si on s’envolait. Cette sensation de vol rend les dernières secondes de cette chanson sensationnelles : non seulement l’auditeur prend son envol, mais c’est pour planer en suivant une courbe qui nous mène droit au premier album de la trilogie, Sundowning. « Euclid » se termine par une reprise de la première chanson de Sundowning, « The Night Does Not Belong To God ». Les albums décrivent ainsi un cercle parfait, un circuit fermé. Il n’y a plus de place pour de la nouvelle musique, le voyage est terminé là où il a commencé. De toutes mes années d’écoute et de critique musicale, je n’ai jamais vu une trilogie se terminer ainsi. Lorsque j’ai réalisé ce qui se passait, mon cerveau mobilisé par la familiarité des notes que j’entendais, fouillant frénétiquement pour trouver d’où j’avais entendu ces paroles avant; lorsque ça a cliqué, j’ai été remplie d’un sentiment d’admiration révérencielle.
Tout ça pour dire que Take Me Back To Eden est un album parfait. Score de 10/10, et c’est le premier score parfait que je donne depuis 2019. Je gage que ça va être mon album de l’année. Je le dis tout de suite, bonne chance à tous les autres artistes qui vont sortir de la musique en 2023, vous êtes en compétition pour la deuxième place sur le podium. Je vous souhaite à tous, chers lecteurs, de faire l’expérience transcendante non seulement de TMBTE mais de toute la trilogie d’un coup, parce que SLEEP TOKEN va passer à l’histoire grâce à celle-ci.
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Vidéos : Chokehold | The Summoning | Granite | Aqua Regia | Vore | DYWTYLM
MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA
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BAND: SLEEP TOKEN
MEMBERS: Vessel I (vocals & piano), Vessel II (drums), Vessel III (bass), Vessel IV (guitar)
COUNTRY: UK
TITLE: TAKE ME BACK TO EDEN
LABEL: SPINEFARM RECORDS
GENRE: ALTERNATIVE/PROGRESSIVE METAL, MULTIPLE GENRES
RELEASE DATE: MAY 19th 2023
Every once in a while, something changes, and SLEEP TOKEN’s changing me (if you caught that lyric reference, you’re in the right place!). Joking aside, it’s not often in a lifetime that we metal fans get to experience a shift in the trajectory of the music we love. The defining trend of metal in the 2020s is genre blending, mixing various metal sub-genres and music styles outside of metal altogether. Nobody does that better than SLEEP TOKEN. There is something wholly unique, deeply personal in Sleep Token’s offerings. They take their art beyond just genre blending and well into genre creation. I don’t know what it’s gonna be called, but what this band is doing right now is gonna get its own name someday and become its own sub-genre. Their latest record, Take Me Back To Eden, cements this metal metamorphosis.
SLEEP TOKEN are an anonymous band based in the UK that formed in 2016. After cutting their teeth on two EPs, One and Two in 2016 and 2017, they signed with Spinefarm Records in 2019 and released their first full length, Sundowning, followed by This Place Will Be Your Tomb in 2021. 2023’s TMBTE completes the trilogy.
Before January 2023, SLEEP TOKEN was more of a niche band: they had their diehard followers but the name wasn’t on everyone’s lips, averaging a respectable 200,000 monthly listeners on Spotify. Then they surprise-dropped the songs “Chokehold” on January 5th and “The Summoning” on the 6th, and everything changed. “The Summoning”, well, summoned new fans far and wide, metalheads and non-metalheads alike, captivated by the mind-boggling mix of genres. Within days, Sleep Token went viral. The band’s stats shot up to 800,000 monthly listeners, but they were just getting started. More singles were released, the new album was announced, we lost our collective minds, and now Sleep Token stands proudly at over 2 million monthly listeners.
One of the main reasons why SLEEP TOKEN took off is the mysticism around the band. There are characters here, a story, lore, albeit vague (that has not stopped the fans from coming up with the most creative and intricate theories together). The escapism is irresistible. In the lore, SLEEP TOKEN was formed after an ancient powerful deity called Sleep revealed itself to the singer in a dream. Think Lovecraftian cosmic deity. Sleep was worshiped by ancient civilizations for having given humanity the gift of dreams and the curse of nightmares. Since this visit, the singer, Vessel, dedicated his life to Sleep, whom he worships by making offerings of music. The other members of the band are also vessels, and they go by numbers: Vessel II on drums, Vessel III on bass, Vessel IV on guitar. They all wear masks to hide their identities. The band uses specific lingo related to their cult-like storyline: to enjoy the band in any way, by listening to the music, sharing it, buying merch, etc. is to Worship; shows are called Rituals; live pictures and videos are called Sacred Moments in Time; bands they tour with are called Brethren; and when they release something new, they ask us to Consume. From the pristine and cohesive visuals to the masks and stage costumes; from the precise language used to their expertly crafted musical universe, SLEEP TOKEN are the full package.
That leads us to the new album itself, Take Me Back to Eden. It opens with “Chokehold”, the 1st single. “Chokehold” acts as a sampler, a tasting board of the glory within this album: gold-gilded gore and gorgeous agony galore. The song opens slowly, distorted drone overlaid with light birdsongs and garden noises. Vessel captivates with drawling low notes and glass-thin highs. The breathy chorus hints at feelings of devotion and desperation, core themes on TMBTE, then the song gets heavy. The crash cymbal is slapped side to side in rhythm, II’s distinctive sound you’ll hear again often; the bass and guitar drag us into their thick, sluggish distortion. Religious musical themes are apparent: when Vessel begs Sleeps to show him that which he cannot see, praying for guidance from his dark deity, it’s on top of a composition that mimics church hymns in pristine subversion.
“The Summoning”, the 2nd single, drags us deeper into the darkness. The guitar chugs, the bass booms ever-so-slightly behind the beat to give us a feeling of tripping on our feet, forced to step in its groove. Vessel hisses his lyrics between clenched teeth before he opens into one of the most shiver-inducing vocal moments of TMBTE: his falsetto soars high, then higher than you’d thought possible. Heavy metalcore-inspired breakdowns happen back to back, screechy scream-vocals over-top machine gun-like bass drum. The sinuous guitar solo over piano hints at jazz-fusion influences. A dreamy electronic bridge takes over long enough so that we don’t know where the song is going anymore. You’d think the track would end on something heavy, but no: it’s time for funky bass, saxophone and sensual “baby-making metal”, as the viral finale of the song has been dubbed online.
“Granite”, the 3rd single, keeps up with the funk tone of its predecessor, now over a trap low-fi feel: programmed drums, fuzzy 808’s, hi-hats in triplets. Vessel’s vocal delivery loosely reminiscent of R&B gives us some of the best lyrics on the record.
“Aqua Regia”, the 4th single, is an airy, piano-centric piece where Vessel gets to show off his chops on the keys while II holds a smooth drum beat with tasteful fills. The track has a distinct old jazz parlour feel, complete with discreet sonic overlays of people talking and the clink of drinks together, a café atmosphere.
“Vore”, the 5th single, unapologetically does a 180° turn and smacks you out of that lull with the most saturated, distorted, concentrated dose of musical violence on the record. This blackgaze piece pulls no punches. Despair, discomfort, loneliness, desperation to fit in, to be seen, to be loved, those themes are present instrumentally and lyrically, full of jagged guitars like rows of teeth and Vessel’s pleas to get swallowed up by his god.
By track 6, we’re finally in unknown territory. I had to wonder how the unreleased songs would compare to the impeccable singles. “Ascensionism” gave me my answer: if we thought the singles were all that TMBTE had to offer, we all got fooled. This is the best song on the record. What an incredible ride. Sleep Token have been unpredictable before, but this is a master class in genre mashing. A touching, somber piano track starts us off, only for the heartfelt ballad to melt into British R&B. Vessel’s accent does the absolute most here to punctuate his words, thick, round and plush, as the man flows on the beat like a chill hip-hop track. That flip between piano and computer-generated bass is my favorite moment of TMBTE. It fucks so hard. Y’all thought “The Summoning” was sexy, wait for this 2AM-in-the-club ambiance, velvet couches and smoke in the air, floating halfway out of reality in pure vibes. And then! The track flips into a soaring soundscape of aerated shoegaze grooves, before a breakdown catches us by surprise, and we’re only halfway through the song. An absolute masterpiece.
“Are You Really Ok”’s bright shimmering nylon-string guitar soothes the soul after its predecessor’s stylistic whiplash. It evokes mental images of fields of golden wheat and sunflowers swaying in the wind, sitting under the morning sun as insects buzz around you. The world is full of life and yet, as Vessel sings, someone you care for might not be. The lyrics hurt in a beautifully soft and real way, a simple fact of life you just gotta learn to live with. “Don’t you know, I want to help you but I don’t know how […] And I cannot fix your wounds this time, but I don’t believe you when you tell me you are fine. Please don’t hurt yourself again.” If you know, you know. I cried.
“The Apparition” is a return to form to the classic Sleep Token formula. The production courtesy of Carl Brown (who’s worked with WHILE SHE SLEEPS, TRIVIUM, BULLET FOR MY VALENTINE, AS I LAY DYING, BRING ME THE HORIZON and others) really shines here. The saturated, vibrating synths fill the room; the mix expands and envelops as the track progresses.
“DYWTYLM” (Do You Wish That You Loved Me) was the 6th single. Fans were divided about this one, some not vibing with the minimal production and thinness of the sound, but I personally adore it. It’s a reprieve, the breath you need after all this emotional intensity. The ghost notes and emptiness between the syncopated rythm feels vital to the flow of the album.
“Rain” is a big song made for shows, with a clap track a crowd can follow and a wide chorus that will fill a room. The chorus is catchy and easy to learn. I guarantee this is gonna be on the next tour’s setlist! The touching lyrics speak of self-doubt and insecurities being both compounded and calmed by finding the right person (or ancient deity) for you. “I don’t want to get in your way, but I finally think I can say that the vicious cycle was over the moment you smiled at me.” I also cried here.
The title track, “Take Me Back To Eden”, sits pretty at over 8 minutes. The atmosphere is vibrant, we’re in Eden here: birds chirp, a breeze blows through tree leaves, sounds of the garden surround the delicate guitar lead. The chorus is golden: stellar, untouchable melody vivid with breath and cadence. It excels at the “beauty in darkness” feel TMBTE captures. Sleep Token nailed the use of the album’s name in the lyrics, the “take me back to Eden” line giving me full body shivers and making me cry, again. Perfect payoff. This song is epic, nodding left and right to previous tracks, including a cleverly placed echo of “Chokehold”. It has a very unique beauty to it. “I guess it goes to show, does it not, that we’ve no idea what we’ve got until we lose it. And no amount of love will keep it around if we don’t choose it.” Lessons to live by.
“Euclid” is our album closer. Sleep Token seem to break the fourth wall here, telling us to give them five more minutes, to run it again. The song has a hopeful, wholesome musical feel with major key piano and a melody that pushes forward with momentum but no rush. It feels like taking flight. Which makes what they did on the final moments of the track, and of the album as a whole, so efficient and so special: we take flight, to circle all the way back to the very first song on Sundowning, the beginning of the trilogy. We get a The Night Does Not Belong To God reprise. Never in my years of reviewing music have I seen a band loop its three albums together like this. When I caught on to what they were doing, I felt a sort of religious reverence. This is such a clever move: there is no space for more music, the albums are tied in a perfect circle. The journey is over, but all you want to do is start it again from Sundowning. I’m in awe.
Take Me Back To Eden is a 10/10 album, the first perfect score I’ve given since 2019. I’m gonna call it right now: album of the year. Best of luck to every other artist releasing music in 2023, y’all are competing for 2nd place. May you, dear readers, also give yourself the gift of experiencing this genre-defining masterpiece of a record because mark my words, SLEEP TOKEN just made history.
Visit SLEEP TOKEN’s official website for access to their different merch stores where you can get your copy of TMBTE and other top quality merch designs.
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