DJÄVULSKORSET

GROUPE : LASTKAJ 14

MEMBRES : Pierre (Stryparn) Pettersson (voix, basse); Ammy (Bulten) Olofsson (voix, guitare) ; Markus (Kapten grå) Johansson (voix, guitare); Olle (Dr. Dill) Ferner (voix, batterie) ; Safran (accordéon, orgue…); Skelleftea Gospel (chœur)

PAYS : SUÈDE

TITRE : DJÄVULSKORSET

ÉTIQUETTE : SECOND CLASS KIDS RECORDS

GENRE : Punk

DATE DE SORTIE : 27.09.2024

Le 27 septembre dernier, le meilleur groupe du monde et de tous les temps , LASTKAJ 14, sortait leur sixième album, DJÄVULSKORSET (La Croix du Diable).  Probablement leur meilleur, depuis l’arrivée d’Ammy (Bulten) Olofsson dans le groupe en 2017. Après un mois, j’ai déjà abusé de cet album, à un degré presque inquiétant. Puisque j’aime inconditionnellement tout ce qu’ils font, j’ai, sans surprise, embarqué à fond. Mais il ne faut pas croire que c‘est aussi simple de plaire aux fans hardcore. Quand on est habitué à toujours être impressionné, c’est facile d’avoir des attentes trop élevées. Personnellement, je me serais contentée d’un bon album, mais ce n’est pas dans les habitudes du groupe. Encore une fois avec celui-ci, ils repoussent les limites de la perfection.

Ambiance
Définitivement pas l’album joyeux que j’espérais. Comme le suggère l’image en couverture ainsi que certains titres, on traite de thèmes sombres et durs. Dès les premières chansons, on est plongé dans la noirceur, la souffrance et on n’en sort pas. Même si ça fait partie de leur identité et que j’étais avertie, je n’étais pas prête! D’une profondeur incroyable, ce n’est pas le genre de musique à écouter juste d’une oreille. Plusieurs écoutes attentives et engagées, sans distraction externe, sont nécessaires pour bien s’immerger dans l’œuvre. De préférence dans une pièce sans lumière et avec un bon casque d’écoute. Important de bloquer tous les autres sens pour mieux apprécier les subtilités et le génie de chaque élément.

Punk rock mélodique, Trällpunk…
Punk rock mélodique, Trällpunk… peu importe le nom,  LASTKAJ ne fitte dans aucun style, ne ressemble à aucun groupe. Ils ont créé, au fil des années, un son unique. Ils conservent les ingrédients essentiels du punk rock (simplicité, rapidité, intensité), mais en élevant le tout avec les plus belles voix et un talent incroyable pour les refrains grandioses, qui transforment à coup sûr une bonne chanson en merveille.

Ils ont aussi le meilleur drummer du genre. Non seulement, c’est une machine de guerre technique, mais, grâce à son jeu intelligent et intuitif, il donne vie et substance aux morceaux.

Forces
Le fait qu’ils soient tous chanteur(euse)s/musiciens/compositeurs est unique et une de leur grande force. Ils se partagent l’écriture et les voix des 12 chansons de l’album, couvrant ainsi un large éventail de styles, d’influences et de personnalités. Une polyvalence qui leur permet d’exploiter une variété d’ambiance et de personnages différents. Imprévisibles, ils ne se contentent pas de reprendre les mêmes formules. Ils n’hésitent pas à intégrer des éléments originaux pour créer des ambiances uniques, comme le chœur gospel de Skelleftea dans « SS666 », qui contribue à l’aspect théâtral de la pièce. Chaque chanson a sa personnalité et une telle force. Elles s’écoutent bien une à une, mais on a tout avantage à écouter l’album en entier, vivant chaque chanson comme les scènes d’un film, noir et angoissant.

Safran
Comme autre ajout excitant, les nostalgiques comme moi peuvent profiter d’un « retour en arrière » très apprécié avec l’apparition de Safran (accordéon, orgue …), ancien membre du groupe, sur quelques chansons. Un autre de mes désirs devenu réalité et pourtant, il suffisait de demander. Pour être franche, j’imaginais quelques notes dans UNE chanson, pas qu’ils feraient venir le gars d’origine en studio à 10h d’avis! Quand je dis qu’ils ne font rien comme tout le monde!

Ammy
Mais le meilleur ajout pour le groupe est sans aucun doute Ammy (guitare et chant). Non seulement sa personnalité s’accorde parfaitement à la dynamique du groupe, elle est d’une grande valeur ajoutée, côté musical.  Talentueuse et polyvalente, elle a un large registre de voix et peut aisément prendre le lead vocal. Dépendamment de ce qui convient le mieux à l’ambiance de la chanson, elle peut chanter d’une belle voix douce et triste (Låt mig förtäras) ou encore forte et imposante (Den gröna omställningen, Fem millimeter). Et même dans les chansons où elle ne mène pas le chant, toutes ses apparitions, même les plus subtiles, ajoutent de la profondeur.

« Ett andetag till »
Quelle chanson! Je ne pensais pas que ma préférée ultime, « Ljus från båda håll » qui constitue pour moi depuis sa sortie en 2020, le standard de perfection, serait menacée un jour. Quand l’expression « écouter en boucle » prend tout son sens. Mais même pour moi, 17 heures en 15 jours, pour une seule chanson, c’est ridicule.

Le refrain est incroyablement riche vocalement – il y a tant d’éléments sur lesquels se concentrer qu’après une seule écoute, je ne suis pas sûre d’avoir tout entendu et après la septième ou huitième, j’hallucine des voix.

La tension se construit graduellement. Un début calme, des voix neutres. Il n’y a que le drum qui, lui, ne se calme jamais, qui laisse supposer que ça ne durera pas. Dans la deuxième partie, cette tension atteint son paroxysme. La musique dramatique exacerbée par le ton désespéré et la puissance de la voix crée une impression d’urgence, de danger. La sensation déchirante d’être le témoin impuissant d’une tragédie. Comme s’il arrivait malheur à quelqu’un que tu aimes sans pouvoir agir – traumatisant! Je suis extrêmement sensible à ce type d’ambiance et quand j’atteins cet état émotif, impossible d’écouter ou de faire autre chose. Alors, j’ai le choix de rester immobile à fixer le mur comme une épaisse ou de la remettre encore et encore et encore jusqu’à ce que la réalité me rattrape et me dise « vas te coucher tu travailles demain! ».

Addiction
Ce sont des chansons comme celle-ci (et LASTKAJ en a des tonnes) qui me troublent et me rendent dépendante. Et l’addiction, même en musique, n’est jamais sans conséquence. Inconsciemment, au fil de mon obsession envers eux, mes standards de satisfaction sont devenus trop élevés pour que d’autres puissent y répondre. Résultat, je ne peux plus écouter autre chose, tout le reste me semble fade à côté. Je me force par principe et pour avoir l’air normal. Car tout le monde sait que pour être un « vrai » passionné de musique, il faut écouter de tout, être ouvert, qu’ils disent. Je ne pense pas être fermée, je suis d’accord, il y a plein de bons groupes, mais pourquoi j’écouterais de quoi de bon si j’ai de quoi d’excellent!

Bref, je ne suis pas musicienne, je n’ai aucune formation musicale, je juge les chansons au feeling. Pour moi, l’emphase est surtout mise sur les voix et sur les émotions. Mais même si vous n’en avez pas ou très peu,  il est possible d’apprécier tout autant.  Par exemple, si vous demandez à mon mari, qui a autant d’empathie qu’un psychopathe, de faire une analyse, il va plutôt parler du drum rapide et explosif qui domine, de l’énergie et la puissance des guitares et de la basse ou juste de la beauté des mélodies et des harmonies vocales. Chaque amateur de punk rock mélodique y trouve son compte. Aucune chanson facile ne sert de remplissage, il n’y a que des chansons fortes et touchantes.

Si vous n’alliez pas bien avant, vous n’irez sûrement pas mieux après, mais vous saurez que vous n’êtes pas seul! Pour écouter gratuitement l’album  c’est ici : Djävulskorset.

TÉNÈBRE (Mörkret (traduction du suédois au français par deepL) Piste no.2)

Je suis l’obscurité , cette obscurité incontrôlée
La noirceur qui marquera ton âme
Je suis la misère et tout m’appartient

Je suis le brouillard, ce brouillard toujours perfide
il y a des gains à court terme mais aussi des pertes éternelles
Je suis celui qui enlève le désir et qui va jusqu’au bout de la luxure

Je suis le chatouillement sur ta cuisse
Je suis l’obscurité dont tu as envie
Je suis le monstre qui attend patiemment sous ton lit
Je suis la porte entrouverte, jamais tout à fait fermée

Je suis la lumière, la lumière incontrôlée
qui brille si fort qu’on ne voit pas où l’on va
Je peux sortir, disparaître et ne jamais laisser de trace

Je suis le feu
le feu toujours séduisant
un feu qui couve et qui attend sa chance
Je suis la flamme en toi dont tu ne soupçonnais même pas l’existence

Je suis le chatouillement sur ta cuisse
Je suis l’obscurité dont tu as envie
Je suis tous les sentiments étranges que tu ne comprends pas
Je suis le monstre qui attend patiemment sous ton lit
Je suis la porte entrouverte jamais tout à fait fermée

Et tu peux courir, courir, courir
dans l’espoir de m’échapper
Oui, tu peux courir, courir, courir
mais j’ai déjà semé la graine en toi     

MÖRKRET
Jag är mörkret
det okontrollerade mörkret
Svärtan som kommer stämpla din själ och dig
Jag är eländigheten och allting tillhör mig

jag är dimman
den ständig förrädiska dimman
det finns kortsiktig vinst men även evig förlust
jag är den som tar bort för och helt går på lust

Jag är kittlingen på ditt lår jag är mörkret som du åtrar
spring för fan spring för allt du förmår
jag är monstret som tålmodigt ligger och väntar under din säng
Jag är dörren på glänt aldrig riktigt stängd

Jag är ljuset det okontrollerade ljuset
som lyser så starkt att du inte ser vart du går
jag kan slockna, försvinna och lämnar aldrig nåt spår

jag är elden
den ständigt förföriska elden
en pyrande brand som väntar på sin chans
jag är lågan i dig som du inte ens visste fanns

Jag är kittlingen på ditt lår jag är mörkret som du åtrar
Jag är alla konstiga känslor du inte förstår
jag är monstret som tålmodigt ligger och väntar under din säng
Jag är dörren på glänt aldrig riktigt stängd

och du kan fly, fly, fly
i hopp om att undslippa mig
ja du kan fly, fly, fly
men jag har redan sått fröet i dig      

GENEVIEVE OUELLET | CHICKS ROCK MEDIA