La programmation illisible de la tournée du DEVASTATION ON THE NATION ne laissait place qu’à des surprises. Entre les innombrables merch tables et la vibration incessante du plancher, les surprises ne faisaient que commencer…
STORMRULER
STORMRULER commence la coutume, qui sera répétée tout au long du show, de faire une entrée dramatique sur une chanson instrumentale. Le chanteur Jason Asberry crie »Québec what’s going on » avec sa grimace et recouvert de studs avant de lancer une chanson de leur premier et unique album.
Les lumières de la salle gardent une disposition en stroboscope durant toute leur performance, allant main dans la main avec le power black joué qui inspire une guerre en enfer. Les interludes entre les pièces et les bridges dans celles-ci sont particulièrement dramatiques et fantastiques. S’enchainent deux nouvelles pièces qui devraient sortir en singles dans le prochain mois et intégrées à l’album prévu en octobre. Et franchement, ces singles sont une coche au dessus du reste des chansons et vont me garder aux aguets pour leur sortie. De plus, j’avais mes réserves avant le spectacle car le seul album audio disponible sonne terriblement mixé, ou même carrément brute. Par contre, après trente secondes de musique live, le doute s’est tassé car leur performance me laisse sans mots.
Cette prestation fut d’ailleurs la seule où le son du micro principal rendait justice au talent du chanteur et à l’œuvre en elle-même. Même si la foule était peu nombreuse et endormie (il était seulement 18:30), les quatre membres du groupe ont tout donné pour ce live set et remportent ainsi mon coup de cœur pour leur énergie sur scène et le rendu de leurs chansons qui sont exponentiellement meilleures on stage.
VALE OF PNATH
Ensuite débute VALE OF PNATH, le côté death de la soirée, ne se calmant que pour quelques sections planantes avant de repartir dans une violence saccadée.
Avec un peu plus de foule le groupe ne semble pas en mode « bêtes de scène », mais ils donnent toute l’agression sonore possible tout en étant dissimulé dans les incessants fumigènes. Au début la voix est quasi inaudible, sauf dans les cris high, ce qui ne rend pas justice à l’ampleur des screams que maîtrise le chanteur Ken « Sorceron » Bergeron (originalement de ABIGAIL WILLIAMS), mais le problème s’amoindrit un peu plus tard.
Mention spéciale au drummer qui faisait le spectacle à lui seul par son aptitude à jouer. Après quelques transitions enrichissantes, VALE jouent deux nouvelles chansons avant de clorent sur un chant de la foule suivi d’une portion instrumentale épique.
GHOST BATH
Après avoir fait leur propre sound check les cinq musiciens avec des cercles noirs peints sur les yeux débutent leurs compositions de black métal mélodique parsemé d’influences hardcore (quelle bonne idée).
Tout le long de la performance ils font des grimaces intimidantes, mais sourient parfois, trahissant leurs personnages pour montrer leur amusement.
Même les transitions se font en silence avec les membres amorphes regardant le vide devant eux, représentant bien leurs influences DSBM et leur thématique. Le bassiste et un des guitaristes font la portion plus physique du show avec leurs chorégraphies et acrobaties.
GHOST BATH utilise brillamment leurs trois guitares pour captiver l’attention et bénéficie d’un éclairage plus sobre et dramatique pour compléter l’ambiance.
Malgré qu’ils soient mon groupe favori à l’affiche, la nature planante des lamentations de style de black qu’ils font se prête moins bien à une salle de spectacle comparé à de bons écouteurs. Toutefois, la foule crée ici son premier mosh pit. Finalement, les ennuis de microphone ici ne sont pas graves car les hurlements de lamentation de GHOST BATH doivent sonner lointains et distortionnés de toute façon.
ABIGAIL WILLIAMS
Après une introduction au piano, le chanteur Ken « Sorceron » Bergeron qui a également fait le vocal avec VALE OF PNATH ressort accompagné de trois hommes encapuchonnés pour montrer ses aptitudes vocales sur des pistes black plutôt que death.
Il ajoute même dans l’une des dernières chansons des grognements, hurlements et lamentations iconiques. Encore une fois, les lumières supportent brillamment leur performance lors de riffs prenants qui font lever considérablement la foule.
Finalement, le batteur, étant peut-être le même que dans VALE OF PNATH, bénéficie cette fois-ci d’une prise de son qui fait sonner ses tambours comme un chant de guerre au plaisir de mes oreilles. Pour clore, le groupe quitte laissant seulement le batteur faire une sortie dramatique après un solo.
BORKNAGAR
Après une autre entrée cérémonieuse, le groupe suédois BORKNAGAR révèle sa brillante disposition de scène avec Lars, leur claviériste/chanteur clean, situé en avant avec deux claviers en biais.
D’ailleurs le son du clavier sonne très bien live et agrémente adéquatement ce qu’est l’œuvre nordique et épique de BORKNAGAR. La voix clean sonnent toutefois étouffée, mais le fait que Lars et ICS Vortex chantent en même temps compense et crée une ambiance spectaculaire et folklorique.
Pour ajouter à cet aspect, ils ajoutent de nombreux chants de foule et se démarquent du reste de la programmation par leur côté festif. Les vétérans de la scène font une performance moins physique, mais ici le côté théâtral est auditif et non pas visuel, surtout considérant la guitare enchanteresse et les portions quasi-acoustiques.
Finalement, les musiciens semblent passer un bon moment sur scène et terminent la performance quand un des guitaristes trouve le chemin vers les balcons de l’Impérial pour jouer la dernière portion du show.
ROTTING CHRIST
C’est sur des chants grégoriens et gutturaux qu’entre en scène la pièce maîtresse de la soirée devant une murale aux allures d’une peinture à l’imagerie religieuse avec une touche de macabre. La fameuse formation débute leurs airs de power black teinté de folk avec des refrains faisant participer la foule.
Ils explorent toutes sortes de sons, allant même dans le doom et mélodeath avec une chanson à répondre cérémonieuse, mais la guitare reste dans les sons de power metal, faisant même un solo à l’image d’il y a 35 ans.
En gros, ROTTING CHRIST sur scène, c’est LAMB OF GOD avec Nikki Sixx. Le microphone demeure imparfait mais aide à parler de manière dramatique pour créer une ambiance et de toute façon et c’est souvent en chantant en trio que le groupe fait headbanguer la foule. Mention spéciale au bassiste qui semble plus jeune et est définitivement plus énergique. Il saute partout, crée des mouvements de foule (sauts, taper des mains, lever les poings et plus) sans ralentir et à chaque chanson.
Tout le long du show ROTTING CHRIST livre une performance énergisante et interactive, comme lorsqu’il demanda dramatiquement ‘’Quebec, are you stronger than ever’’.
Finalement, ils reviennent pour un rappel explosif devant une foule qui vide sa force restante vers 12:02 pour clore la soirée avec la même énergie que ce qui a fait vibrer l’impérial durant les six dernières heures.
Remerciements à DISTRICT 7 PRODUCTION et à l’ensemble du staff de L’IMPERIAL BELL.
TEXTE : RAPH DROUIN (En collabo spéciale) | CHICKS ROCK MEDIA
PHOTOS : MARIE EVE DESMEULES | CHICKS ROCK MEDIA